Capitales Françaises de la biodiversité 2025 & milieux humides
Depuis sa première édition en 2010, le concours "Capitale Française de la Biodiversité" récompense chaque année des initiatives exemplaires en matière de protection de la biodiversité.
En 2025, l’édition « Culture(s) & Biodiversité » du concours a distingué huit collectivités exemplaires, toutes engagées de manière concrète dans des actions culturels et de préservation, la restauration ou la valorisation des zones humides. Qu’il s’agisse de mares, de marais littoraux, de plaines inondables renaturées ou de prairies humides, chacun des lauréats développe des actions structurantes de sensibilisation et d'accompagnement de leurs concitoyens pour la résilience face aux inondations, la qualité de l’eau, la continuité écologique et la protection des habitats essentiels à la biodiversité. Les analyses qui suivent s’appuient directement sur les rapports de visite 2025, réalisés par le jury sur le terrain.
Zoom sur leurs actions culturels et de préservation et restauration des milieux humides
Muttersholtz (Grand Est)
La Maison de la nature du Ried et de l’Alsace Centrale et son Programme Nature et saveur
La Maison de la Nature existe depuis 49 ans. Au fil des années, elle s’est agrandie et a permis de sensibiliser plusieurs générations. La première maison a été créée en 1976, dans un contexte de retournement des prairies humides du Ried, avec un objectif d’éducation à l’environnement des publics. La maison actuelle (la troisième) a été inaugurée en 2009.
Elle compte aujourd’hui une vingtaine de salariés et accueille des enfants et adultes au-delà du territoire de la commune. Classes vertes, centres aérés, colonies, familles et même étudiants viennent passer une journée ou un séjour dans cet établissement de 60 couchages.
L’offre écotouristique du site est construite autour du Ried, le marécage. Plusieurs activités sont proposées en lien avec cet habitat : le sentier pieds nus « SensoRied » depuis 2015 (transformé en « Sensoween » pour Halloween), l’accueil dans des logements insolites avec les tipis, les chantiers participatifs de vannerie, la découverte de la biodiversité aquatique au bord du Hanfgraben…

Trame de zones humides, mares et prairies fauchées tardivement
Muttersholtz, réélue « Capitale française de la biodiversité » en 2025, présente dans son rapport de visite des actions concrètes en faveur des milieux humides : maintien et restauration d’une trame de zones humides, creusement de mares et entretien de prairies humides via des pratiques agricoles favorables (bandes enherbées, fauche tardive). Ces mesures profitent à des espèces nicheuses des prairies humides (par ex. courlis cendré, tarier des prés, râle des genêts) et montrent l’intérêt d’un dialogue continu entre collectivités et agriculteurs pour concilier usages locaux et conservation.

Mesnières-en-Bray (Normandie)
Des jeunes sensibilisent leurs parents
Engagée dans une Aire Terrestre Éducative depuis 2022 animée par le CEN, l’école de Mesnières développe un programme d’éducation à l’environnement. En 2024, Une journée de labellisation a impliqué enfants et parents dans 4 ateliers : bonnes pratiques en zone humide, chasse au trésor botanique, parcours sensoriel à l’aveugle et confection d’herbiers. Un documentaire a aussi été projeté pour le lancement de l’ABC.
Des panneaux pédagogiques sont présents partout dans la ville, un feuillet de vulgarisation sur l’ABC et sur les pratiques environnementales de gestion de la zone humide a été distribué dans les boîtes des habitants.
L’objectif de l’ATE est d’une part de sensibiliser la jeunesse à la vie citoyenne et de favoriser leur engagement futur dans l’action publique (conseil municipal, associations…)

Valorisation d’une zone humide locale
La commune de Mesnières-en-Bray (lauréate dans la catégorie « Meilleure commune < 2 000 hab. ») illustre comment une collectivité de petite taille peut mener des actions ciblées et exemplaires. Le rapport de visite 2025 signale une zone humide de 1,3 ha valorisée par la création d’un cheminement permettant la découverte et la compréhension du milieu, tout en préservant ses fonctions écologiques. La démarche combine inventaires naturalistes, gestion différenciée et implication des établissements scolaires pour faire naître un projet à la fois écologique et culturel.

Angoulême (Nouvelle-Aquitaine)
Budget participatif : sentier végétal et mares de la vallée de l’Anguienne
Dans le cadre de son budget participatif, la commune a créé un parcours de quelques centaines de mètres au sein d’un boisement humide de la vallée de l’Anguienne ; l’idée était de consacrer un secteur de déambulation un peu attractif « Sentier des animaux » pour polariser l’intérêt sur ce site, ce qui permet par contraste de laisser d’autres secteurs plus sauvages et plus tranquilles. Cette mise en scène guide les promeneurs dans un espace boisé près de la rivière de l’Anguienne, ponctué de mares intégrées au dispositif de suivi de Charente Nature. Des sculptures d’animaux en ferronnerie réalisées par les agents du service des espaces verts jalonnent le parcours. Au-delà des mares, la ville d’Angoulême entend mener un travail sur la mémoire des ruisseaux de son territoire. L’objectif est de pouvoir « retrouver l’eau » de ces petits cours d’eau busés ou canalisés, et ainsi les reconnecter au fleuve. C’est par exemple l’objet de la démarche « barrage mimétique castor » initiée avec le SyBRA, Charente Eaux mais également le FRAC.

Valoriser les milieux naturels et la nature en ville
La ville d’Angoulême (lauréate dans la catégorie des communes de moins de 100 000 hab.) se distingue par une stratégie globale liant nature en ville, renaturation des espaces urbains et reconnaissance des milieux aquatiques dans les politiques territoriales. Le rapport de visite 2025 souligne notamment le projet du « fil vert et culturel », qui, en repensant le centre ancien, combine végétalisation, désimperméabilisation des sols et continuités écologiques, ce qui facilite l’infiltration des eaux de pluie et soutient ainsi des micro-zones humides urbaines et des mares temporaires dans le tissu urbain.

Tours Métropole Val de Loire
Les Taxidermistes ferrugineux et Festival de street-art Murs Loire
Le Bal des Demoiselles et une exposition dans les jardins du château de Tours et sur le Quai Malraux, Le collectif d’artistes Les Taxidermistes ferrugineux a composé une exposition en trois éléments : le Bal des Demoiselles et la Porte des Hérons dans le jardin du château de Tours et Pégase sorti des eaux sur le quai Malraux. Les œuvres sont réalisées avec des objets de récupération et interpellent avec des animaux plus grands que nature pour replacer les humains spectateurs à une autre échelle. Initialement conçue comme temporaire et finalement pérennisée.
Du 7 au 13 juillet 2025, 18 artistes français et internationaux ont investi 12 façades et ponts pour réaliser plus de 1 500 m² de fresques monumentales, sur le thème : « La Loire, entre patrimoine et biodiversité ». D’autres installations artistiques dans l'espace urbain interrogent sur les méfaits des déchets plastiques sur les animaux sauvages.

Préservation et remise en réseau des mares dans la trame verte et bleue
Tours Métropole Val de Loire (lauréate dans la catégorie des communes de plus de 100 000 hab.) agit sur les mares dans une logique de trame verte et bleue, en articulation avec les zones humides plus vastes, les vallées alluviales et les espaces agricoles. La métropole mène des actions de diagnostic, de restauration et de suivi de mares existantes, notamment dans les secteurs périurbains et communaux.
Les interventions visent à maintenir les fonctions écologiques de ces petits milieux humides, en améliorant la qualité de l’eau, la diversité des habitats et la connectivité écologique. Ces actions s’intègrent dans une stratégie plus large de reconquête de la biodiversité ordinaire, en lien avec les communes, les agriculteurs et les gestionnaires d’espaces verts.

Communauté de communes Côte d’Émeraude (Bretagne)
Art et sensibilisation environnementale
La collectivité a structuré sa démarche autour de son Atlas de la Biodiversité Communale primé et d’une animation culturelle forte. Elle a utilisé d’œuvres artistiques représentant des espèces « parapluies » locales créées par l’artiste Sybille Besançon, échangées entre les communes pour susciter des actions de préservation et la responsabilité collective ; les habitants sont également invités à participer à des « bio-défis » mensuels et à découvrir une exposition itinérante portant sur la biodiversité locale, combinant art et sensibilisation environnementale, impliquant même l’office de tourisme intercommunal pour valoriser le patrimoine naturel auprès des visiteurs.

Restauration de mares communales et renforcement des continuités écologiques
La Communauté de communes Côte d’Émeraude est également distinguée (catégorie des intercommunalités rurales) pour ses actions en faveur des mares, identifiées comme des milieux humides stratégiques du territoire. La collectivité a engagé des opérations de restauration de mares communales, incluant remise en eau, gestion de la végétation et amélioration des conditions d’accueil pour la faune aquatique et amphibienne.
Ces actions s’inscrivent dans une logique de continuités écologiques, les mares servant de relais fonctionnels entre différents habitats (prairies, haies, zones boisées). Le jury relève également l’effort de pédagogie mené auprès des élus et des habitants, favorisant l’appropriation locale de ces milieux souvent méconnus. Les mares deviennent ainsi des supports visibles de la politique biodiversité de la communauté de communes.

Site de la communauté de communes
Communauté de communes Bruyères-Vallons-des-Vosges (Grand Est)
Evaluations sensibles du territoire
La collectivité met en œuvre une évaluation sensible du territoire, intégrant des résidences d’artistes et un accompagnement sociologique pour intégrer émotions et perceptions des habitants dans les politiques publiques ; le jury a mis en avant les initiatives ludiques et créatives, notamment des escape games, cartes au trésor à vélo et des activités de sport nature ou de lecture et création, pour sensibiliser des publics variés, des jeunes aux seniors, à la biodiversité sous un angle culturel et participatif.

Inventaires, mares et trame humide structurante
La Communauté de communes (lauréate dans la catégorie des intercommunalités rurales) a mené une démarche de diagnostic et de planification approfondie concernant les milieux humides : 3 619 hectares de zones humides identifiés et 311 mares recensées sur le territoire. Le travail porte autant sur l’identification et la cartographie que sur la conservation active (suivi des mares, maintien des prairies humides, accompagnement des propriétaires), permettant d’intégrer la trame humide dans les politiques d’aménagement et de gestion des espaces (fauche tardive, corridors, échanges avec l’agriculture locale). Ce travail de recensement et d’action territorialisée est un levier puissant pour la préservation de la biodiversité liée aux milieux humides.

Agglopolys (Communauté d’agglomération de Blois, Centre-Val de Loire)
Un projet culturel et paysager ambitieux
L’agglomération mène, avec son programme « Regards sur le Val de Loire », un projet culturel et paysager ambitieux qui transforme des espaces en contact avec le fleuve en lieux d’expérimentation artistique, éducative et participative, associant écoles créatives, artistes, scientifiques et habitants pour découvrir autrement les paysages et les écosystèmes ligériens ; par ailleurs, la diffusion d’une culture naturaliste à tous les niveaux de l’action publique, grâce à un atlas de la biodiversité intercommunale et à la formation de l’ensemble des agents, est un vecteur culturel fort.

Reconquête des plaines inondables et restauration de friches humides
Agglopolys (lauréate dans la catégorie des intercommunalités urbaines) a fait de la réappropriation de zones soumises aux crues et de la restauration de friches humides un axe central de sa stratégie. Le projet emblématique décrit dans le rapport de visite est la désurbanisation du secteur La Bouillie (52 ha) : acquisition et dépollution de parcelles anciennement urbanisées, démolition d’habitations et reconversion en « parc agricole naturel et urbain » intégrant zones humides, pâturage, jardins partagés et parcours pédagogiques, une opération de grande ampleur menée depuis 2004 et finalisée en 2025. La zone humide des Lardonneries (près d’un hectare, ancienne friche proche d’une station d’épuration) a été restaurée pour retrouver ses fonctions hydrauliques et écologiques, tout en étant aménagée pour l’accueil du public et la sensibilisation environnementale. Ces actions sont coordonnées par des plans et atlas (ABC – Atlas de la Biodiversité Intercommunale) et des contrats territoriaux de bassin qui accompagnent des travaux hydromorphologiques et la protection des zones humides à l’échelle du territoire.

Site de la communauté d’agglomération
CapAtlantique (La Baule-Guérande Agglo, Pays-de-la Loire et Bretagne)
Culture touristique et sensibilisation
Cap Atlantique La Baule – Guérande Agglo intègre culture touristique et sensibilisation avec plusieurs de ces actions ; outre les diagnostics agroécologiques et plans d’actions en partenariat avec la chambre d’agriculture, le rapport relève la formation du personnel de l’office de tourisme intercommunal aux enjeux de biodiversité, afin que les programmes touristiques valorisent la nature locale, et la création d’îlots de nidification dans les marais salants, une mesure qui mêle sensibilisation, gestion des milieux et culture locale autour des milieux salicoles
Mares et corridors écologiques
Cap Atlantique La Baule – Guérande Agglo (lauréate dans la catégorie des intercommunalités urbaines) mène des actions en faveur des mares, considérées comme des éléments structurants de la biodiversité locale. La collectivité a engagé un travail de repérage, de restauration et de remise en fonctionnement de nombreuses mares, aussi bien en milieu rural qu’en périphérie urbaine.
Les actions liées aux zones humides portent sur le curage raisonné, la restauration des berges, la limitation des espèces envahissantes et la reconnexion de certaines mares à leur environnement immédiat. Ces opérations sont accompagnées d’un travail de sensibilisation des propriétaires et des communes, afin d’assurer une gestion durable dans le temps. Les mares restaurées jouent aujourd’hui un rôle essentiel pour les amphibiens, les insectes aquatiques et l’avifaune, et constituent des supports pédagogiques mobilisés dans des actions de médiation territoriale.

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